SOOK HEE ♠︎ Tu comptes vraiment me suivre partout, comme ça ?

L’équitation. C’est à peu près la seule distraction et la passion apportant un soupçon d’étincelles dans la vie morne, ennuyante et maussade de Ji Min. C’est pourquoi, à quatre pattes sur le lit du haut dans la chambre à quatre réservés aux cartes les plus basses, il est penché sur le côté du lit, entre le matelas et le mur, à chercher ses éperons et sa cravache, mais impossible de les trouver. Avec un soupire, il s’assoit proprement sur le lit et souffle. Il les a sans doute oublié dans le coffre de sa voiture, trois jours plus tôt, ce qui n’a pas vraiment d’importance puisqu’il va être obligé de reprendre la voiture pour aller voir ses deux chevaux. Bien sûr, c’est avec l’argent de papa qu’il a pu se les offrir mais ce sont ses deux seuls rayons de soleil. Finalement, comme il ne trouve pas le reste de son équipement, il abandonne avec un long soupire et déplie ses jambes de huit kilomètres de long pour descendre l’escalier qui sépare les quatre lits en deux paires de lits superposés. Il a déjà passé sa tenue. Un polo en coton noir avec un petit jockey brodé au fil vert, un pantalon d’équitation également noir aux rayures blanches et vertes sur le côté extérieurs de chaque jambes. Il a déjà ses chaussettes hautes et bottes en cuir, si bien qu’il n’a plus qu’à mettre ses guêtres une fois arrivé.

Ses gestes sont souples et lents quand il se baisse pour attraper le large sac contenant sa bombe, des friandises pour ses monstres ainsi que des produits de douche pour sa jument dont les crins ont bien besoin d’un petit démêlage. Ça y est, il est prêt. Il n’a pas particulièrement rendez-vous à une certaine heure car depuis le temps, il a largement le niveau pour s’entrainer seul. Seulement, quand il décide d’arriver à une certaine heure, c’est comme s’il avait un rendez-vous, il se débrouille pour y être à l’heure donnée, voire même en avance. Alors qu’il a enfin terminé de ramasser ses affaires, il entend la porte s’ouvrir. « Ah, ça tombe bien. Ferme bien à clé si tu ressors, je m’en v— » Lui qui croyait parler à un de ses colocataires. Quelle ne fut pas sa surprise quand, en se retournant, il découvre une petite femme pas plus haute que ça qui l’observe avec ses grands yeux habituels. Ji Min soupire, sans même le moindre sourire. « Qu’est-ce que tu fais là ? »

Ça ne va pas, rien ne va! Sook Hee se masse les tempes en soupirant grossièrement. S'installer à la bibliothèque pour ne pas être dérangée par ses colocataires n'a rien changer à sa concentration défaillante. Ses cours l'ennuient et la demoiselle aux cheveux oranges ne trouvent pas la passion pour les apprendre. Elle est de ces personnes à qui il faut que ça plaise pour qu'elle réussisse. Finalement, la demoiselle n'a pas le choix. Elle va devoir se faire aider, et elle a déjà la personne parfaite en tête pour cela. C'est donc sans hésiter qu'elle se dirige d'un pas déterminé vers le QG des clubs. Une target jaune chez les verts? C'est peut-être dangereux, certes. Mais avoir de mauvaises notes, ça l'est tout autant pour elle. Le pire c'est qu'elle n'est pas discrète. La couleur de ses cheveux dénote, la richesse de ses vêtements rend jaloux.

Sans réelle gène, Sook Hee ouvre la porte de la chambre de Jimin et entre dans la pièce. Ce dernier lui adresse directement la parole mais semble se tromper de destinataire. L'orange se stoppe et le fixe d'un air de chien battu, il faut qu'elle l'amadoue. Puis une fois, qu'il se rend compte de qui elle est, elle se jette sur lui pour lui faire un bisou sur la joue avant de se reculer légèrement - il vaut mieux éviter un rejet humiliant. « Oppa! J'ai besoin de toi... Tu peux m'aider s'il te plait? » Soudainement, ses yeux regardent le reste du corps de son ami. Il allait faire du cheval? (Puis nom d'un dieu ce genre de tenue lui va à ravir). Seulement, elle a réellement besoin de ses dons d'analyse, de son intelligence extraordinaire. « Tu dois vraiment partir? Si je réussi pas à comprendre mes révisions, je suis dans le pétrin... » Dit-elle d'un ton presque suppliant tout en se collant à lui, les mains sur la poitrine du jeune homme, le regard brillant.

Quand Ji Min la voit et se rend compte de l’endroit où ils se trouvent, il se rue sur la porte et balance un coup de pied dedans pour la refermer. Elle ne s’en rend sans doute pas compte, elle, mais elle fait une proie beaucoup trop facile pour les autres clubs. Chose qu’il veut absolument empêcher d’arriver. Il sait pertinemment les raisons de la présence de la petite orange mais ce n’est pas le moment. « Qu’est-ce que tu v— » Il est coupé par les lèvres de la rouquine sur sa joue et laisse échapper un petit soupire. Elle est vraiment incorrigible alors qu’elle sait qu’il n’apprécie pas les démonstrations d’affection. Au pire, il n’y a personne pour les voir, se dit-il, donc la situation aurait pu être pire. Il l’aide presque systématiquement pour les devoirs ou les révisions, ainsi la demande de la belle ne l’étonne même pas. Mais il a prévu de partir la journée et partira donc la journée. Impossible pour elle de le faire revenir sur sa décision.

Il n’apprécie pas la proximité de la jeune femme et — quand bien même quiconque le traiterait de fou —, il la saisit doucement par les épaules et l’éloigne de lui. Certes, elle lui remue quand même un peu l’estomac. La voir si désespérée ne plait pas trop au petit génie. « Que dois-tu réviser ? » demande-t-il alors. Il cède beaucoup trop vite, se dit-il. Mais peu importe. Son programme, il l’a déjà vu il y a deux ans de cela et ne pense pas avoir beaucoup de mal à le lui faire réviser, même avec très peu d’instructions. Pendant qu’elle lui énonce le programme, il prépare ses clés de voiture, son téléphone, ses papiers, un peu d’argent en liquide, un petit flacon d’antiseptique et des pansements, sait-on jamais. Un autre long soupire s’échappe de ses lèvres. Cette gamine aura sa peau. C’est bien la première fois qu’il amène qui que ce soit voir ses chevaux — bien qu’il ne lui demande pas de les voir, il n’est pas prêt à renoncer à une journée de détente mais souhaite également l’aider. « Bon… Va prendre tes livres et rejoins-moi au parking… » Puis, il attend de voir la jeune fille filer avant de quitter la chambre avec toutes ses affaires, prenant bien soin de fermer à clé derrière lui.