cha min yeon ♦ i don't care if i don't look pretty, i just need to smile .

mon caractère ₪ Min Yeon ne se connaissait pas lui-même. Pas véritablement. Il n'était pas question d'une quelconque amnésie bienfaitrice ou d'un dédoublement de personnalité qui pourrait encore expliquer son absence de caractère, ou plutôt cette absence de connaissance pour le moins gênante. Il était sans être. Un nom ne cachant rien. Ne cachant plus rien. Mystère incessant pour ne dévoiler qu'une banalité rassurante. Egoïstement ou est-ce une question de modestie, il ne voit pas ce qu'on lui trouve. Encore moins ce qu'on pourrait lui envier. Il ne comprend pas ces brimades, ces actions contre lui. Pensant n'avoir rien vécu, ses pensées filent et toutes se rejoignent en un même point. La vie ne vaut rien est une phrase pour tout décrire. L'attente salvatrice de la faucheuse qui viendra le chercher incessamment sous peu. Le pessimisme ne lui conviendrait pas contrairement à ce que vous croyez. La lucidité est une amie commode, sans doute un peu plus que l'optimisme qui frappa sa famille envers lui très jeune. S'en sortir, braver la vie, on le montrerait presque comme l'incarnation du courage, mais lui rit de cette idée. Il pense plutôt être le clown qui reste prudent devant le rire de la vie. La solitude lui tend ses bras d'amoureuse, et il l'accepte un soupir d'extase aux lèvres car il redoute l'idiotie des gens. Associal mais peut-être pas autant qu'il ne le faudrait pour respirer, il a ce don étrange et oh combien répugnant d'attirer les gens. Que ce soit en bien ou en mal. Le physique dit-on. Ce n'est pas le sien, ou alors celui que le monde a façonné. Robotique idiote et mesurée, pour un être mal-calculé. Une copie d'un être inexistant. De ce qu'il devrait être. Copie qui ressent, vit et souffre. C'est la nature de l'être humain dit-on, alors autant maudire l'humanité. Parce qu'il est la moitié d'un tout, d'un rien. Il sait sourire, il sait rire, mais on raconte que notre tendre prince perdit ses facultés il y a peu. Alors comme la plupart des êtres qui peuplent ce monde, il sait survivre. Drôle de conclusion à cette vie, mais qu'il y a-t-il donc à rajouter ? Vous dépeindre son portrait comme un artiste, reviendrait à lui donner de l'importance. Mais peut-être qu'il en a finalement. Parce que si ce Dieu cruel, création subliminal de l'homme, ne veut pas de Min Yeon dans l'Eden perdue de l'être, c'est que son existence est existentielle, sans pour autant devenir hautain en osant penser cela.
 
Il parait que Min Yeon est un Pierrot, ou alors qu'il l'était. Soutien de l'auguste, de l'empereur sentimental, il ne montrait qu'une façade parmi tant d'autres cachant le monstre hurlant qu'il incarnait derrière un manteau blanc. En vérité, il n'a que peu de qualités. La compassion l'échappe, la sociabilité le fuit. Jusqu'à présent, il avait toujours gardé un sourire aux lèvres, armant en porte drapeau, une fierté, et une envie de se battre aussi fausse que sa vie. Jusqu'à maintenant il avait toujours prié pour s'endormir à jamais et cesser de se réveiller et de regarder par la fenêtre ce monde qu'on lui avait dépeint au début de sa vie comme on décrivait un chef-d’œuvre du septième art, ou encore de la peinture, mais on ne lui a jamais accordé ce privilège. Mourir s'entend. Alors aigri de la vie, il continuait à se réveiller et à écouter le babillage incessant des membres de ce groupe qu'on appelle famille et qui ne sont reliés que par le sang et quelques ressemblances physiques. Bien sûr restons dans le raisonnable, Min Yeon avait toujours mis au silence ces répliques assassines, se contentant de sourire de manière douce, et de prétendre à la fatigue pour accéder enfin au calme olympien. Vous vous en doutez, il apprécie le calme et la solitude, mais depuis peu on ne les lui accorde plus, comme à un enfant trop vieux, à qui on aurait repris ses jouets d'antan. Le calme, la volupté, la satiété d'être seul et de ne plus en avoir pour longtemps lui sont à présent inconnu. Il a dû quitter un rôle pour un autre dans le théâtre de la vie. Etre, paraître puis devenir. Une succession logique qui emmène à la débandade de son cœur qui taira un refus. Parce qu'il n'a pas le choix. Parce qu'il reste sauf, indemne ou presque et que la faucheuse s'éloigne ayant trouvé mieux que son illustre personne. Alors on s'adapte. Min Yeon avait toujours su s'adapter. Sans doute mieux que personne. Parce qu'il était sans attache. Parce que sa famille évoluait autour de lui sans qu'il n'en prenne grande attention.
 
Sans paraître décalé, il en viendrait même à avoir peur des gens, de leur toucher. Peur de tomber malade à cause de leurs mots et maux, et d'en vomir. Il lui en a fallu du temps pour tout accepter, pour qu'aux yeux du monde il soit devenu cette marionnette tant appréciée que tout le monde attendait avant de la descendre, et de la jeter une fois passé. Adieu candeur printanière et enfantine, silence nocturne, et douceur hivernale, bonjour soleil aveuglant, rires assourdissant qui vous paraissent sardoniques, et lucidité encore plus déconcertante. On l'avait transformé en cliché, et il s'était laissé façonner, la lassitude l'habitant depuis toujours pour oser se rebeller. Las d'une vie qui n'est pas la sienne, fatigué de journées qu'il regarde passer sans vivre. Pourtant Min Yeon savait se rebeller. Il savait tout faire. L'avantage d'être malléable. L'avantage de ne pas avoir de caractère sans doute. Il parait qu'il reste faible derrière cette coquille rassurante qu'il porte maintenant comme une double peau. Mais il le sait, il l'a toujours su. Il est faible et apeuré. Une évidence. Il n'a jamais eu peur de le dire, mais de là à le crier, hélas il ne le pouvait pas, alors il se contenter de murmurer ces mots. Il est faible, et connait ses faiblesses. Défauts, vices, il connaissait tout ce qui pouvait le descendre encore plus dans cet enfer pourrissant. Il connaissait cet accroc qu'il y avait dans ses sentiments, il connaissait ce battement assourdissant qu'on appelle le coeur. « J'ai un ulcère aux sentiments, de l'eau dans le coeur et la nuit est lourde. La fumée ne m'atteint plus et j'ai son odeur sur les yeux. » Il en paraitrait presque trop poétique, si il venait à dire ça. Mais c'est vrai hélas. La vérité n'est que plus dur à accepter, sachant que ce chainon manquant à sa vie, Il a dû le construire de toute part quitte à paraitre factice ou encore mensonger, pour sauver des vies qui l'importaient peu.
 
Il avait enfilé ce rôle, par commodité. Et par obligation même s’il se plaisait à oublier la deuxième partie. Il avait appris à rire, et à sourire faux, car le côté vraisemblable est tout ce qu'il lui restait. Le naturel comme le reste lui échappait, alors on ne peut que s'adapter. Il était sorti et avait connu la vie. Min Yeon avait appris à comprendre la nature humaine, et à la dédaigner qu'un peu plus. Devenir arrogant, et aussi hautain que possible pour ne pas être blessé plus. Être incessamment une ombre vernie par les autres, la même sensation humide de se faire violer par leurs regards. Et se taire sous les regards et jouer. Joueur de flute, joueur de vie. Jouer tout simplement et s'adapter. Devenir inconscient, ranger sa lucidité au placard pour ne plus souffrir à chaque seconde de la bassesse de ce monde. Se déchirer les yeux d'un coup de larme pour en finir avec cette envie de gerber sur vous. Vomir et pleurer c'est un peu pareil, ce n'est qu'une question d'odeur. Il ne pouvait faire ni l'un ni l'autre. Marionnette de la vie, il sourit encore et encore, s'assurant qu'on le croit ne serait-ce qu'un peu. Il était devenu son inverse. Sourire, rire s'amuser, détester les gens, n'aimer que soi, être aussi mégalomane et narcissique qu'un tyran, aimer son apparence dans les miroirs, alors qu'il y a peu il brisait encore ces morceaux de verres, vivre, détester, aimer, survivre. Il n'aimait pas ce rôle dans le fond, mais il n'était pas grande vedette, alors il devait se contenter de dire oui et de jouer, priant pour qu'on ne découvre pas la supercherie, et qu'on le laisse un jour retourner dans les bras de la dame au voile noir. « Bonsoir je vais bien, j'oublie, ça fait longtemps que j'oublie et je continue d'oublier. » Encore et encore dans ce cercle vicieux qui n'en finira jamais. Ce n'est qu'une boucle incessante et on ne peut rien y faire si ce n'est attendre encore un peu. Ils le regardent tous mais lui, notre prince du faux-semblant regarde derrière, crève-lui les yeux ça ira mieux, ne crois pas qu'il pleure, ça serait trop facile ... Il oublie pour mieux devenir, il garde ses larmes pour en faire des armes. Ses sentiments n'en seront que plus poignant parait-il. Mais il ne veut plus voir le monde, à défaut de vivre la vie, il parait que ça ne lui réussit guère. Hier on parlait de pitié et de compassion envers ceux qu'il voyait, aujourd'hui on parle d'égoïsme et de supériorité, que peut-il vraiment y faire ? Survivre ? En soit c'est une finalité quotidienne et hélas banale à laquelle Min Yeon devra se contenter.